Voici la course vue par Vincent Gillet, notre ex futur président des pilotes, reporter Pageweb et pilote Toyota. Les démentis, protestations, droits de réponse et compliments doivent être envoyés à l'adresse suivante : waltair.rdc@ic.cd 

J-1, désert du parking Grand Hotel Kinshasa

Le ciel est vide, les B52 et les missiles de croisière n'ont pas encore commencé leur croisade contre Saddam. Les porte-avions attendent au large de Muanda, pilotes sanglés dans leurs F-18 Strikke eagle déjà ancrés aux catapultes à vapeur. Les chiens jaune du pont d'envol ont le doigt sur les démarreurs pneumatiques. On attend la release du Pacha.

Quelques personnes complotent gravement et arpentent silencieusement les dalles de béton nu du Grand Hotel Kinshasa. Dans un coin, un mécanicien achève de réviser un moteur de Bus Iveco. Au milieu, les SAS de Bowler construisent déjà un enclos à chèvres pour parquer les éventuels prisonniers. L'invincible armada Toyota prend ses marques sur le terrain. Bien qu'elle n'ait pas reçu l'aval de l'ONU pour cette opération et que certains pays y aient mis leur veto, elle établit envers et contre tous ses plans de campagne sous le commandement avisé du Colonel PARDAENS, chef Chauffeur, qui est bien décidé à renverser le régime en place et à tirer son terme jusqu'au bout. Le schéma tactique a été établi par le Général FRANKS-BLEVIN, as et spécialiste des opérations aéroportées, efficacement conseillé par ses spécialistes du Génie militaire commandés par le Lieutenant LYONNET de la 1 ° Compagnie FOX d'Assistance et d'Organisation (CFAO). Le sous-lieutenant DREZE et le sergent-chef DUMONT sont déjà infiltrés sur le terrain à la tête de leurs contrôleurs opérationnels Pesh-Mergua, et l'état major a conservé en réserve une compagnie de Gourka commandée par l'adjudant Omar Munshi pour une éventuelle opération commando.

Les troupes et le matériel sont rassemblées dans le plus grand secret. Sur 15 voitures au départ, il n'y a pas moins de 6 Toyota. Gillet a ressorti son F14 TOMCAT FZJ 70 ; celui-ci a reçu les dernières modifications avec notamment un pod EFIS monté sur un nouveau pare-buffle. Son navigateur-bombardier habituel , Bernimolin, n'a d'ailleurs pas pu rentrer à temps de la séance d'essais organisée dans le désert Koweïtien, et c'est Guido Declerk qui le remplace au pied levé. Eric Rousset, plus familièrement connus sous le nom de Tintin, a racheté l'hélicoptère d'assaut Apache vendu par les frères Argazzi, découragés par leur manque de performance avec lui. Il se fait tout petit dans son coin, attendant l'arrivée de l'orage qui ne viendra que dans la soirée du samedi. Les jumeaux ZAF/Yorgo alignent le Chinook HDJ 80 à moteur 100 enfin équipé du gros turbo et de l'intercooler. Ca cause sous le capot ! Rosenberg / Carmichael, sont la avec le HJ61 Centurion, sur lequel plusieurs roulages cherchent a détecter les traces de son accident avec la guérite de l'avenue de la justice. Les cow-boys de Western Union nous ressortent une vieille gloire du motocross: le beau Jimmy Mangamba navigue le souriant Willy Georges. Ils se sont fixé un objectif osé: gagner en moins de 2000 cc sur un drone léger de reconnaissance LJ70 à moteur Célica. Enfin, Les Simon et Bergiers nous ressortent le Toyobishi, version hybride du A10 WARDOG LJ 70 à moteur V6 Pajero, fraîchement réparé de son récent tonneaux. La coalition espère aussi compter sur l'allié Britannique: le fils de James Bond est bien là à la tête de ses vaillantes troupes de SAS , équipé d'un Bowler Tornado. Nous verrons plus loin qu'il a bien mérité sur cette course le titre de chauffe eau, et qu'au bout du compte, bien qu'il ait tiré par erreur quelques coups de mortiers sur les alliés, sa contribution indirecte aura été bénéfique au résultat de la coalition.

Contre la coalition, les troupes de Saddam apparaissent en ordre dispersé, bien que très menaçante. Tout le monde a d'ailleurs son masque à gaz à portée directe de la main. Les Fedayin sont emmenés par les frères Argazzi qui nous ressortent la le T-72 Patrol du Dakar 96. La vieille a l'age de ses artères, elle sort d'une violente crise de rhumatismes aigus consécutive à une chute dans un escalier Tunisien, mais elle conserve encore de beaux restes. Sûr que dans les mains survoltées de son pilote, elle va faire parler la poudre, au propre comme au figuré. Ce sera le cas. Patrick Huyghe et Marco Pantani ont transformé le pick-up Isuzu/Hummer en arme de destruction massive. Mano de locomotives et tuyaux de turbo envahissent l'habitacle de l'usine à gaz. Inquiétude dans la coalition....La garde républicaine, fidèle parmi les fidèles, est emmenée par Devos père et fils qui nous ressortent enfin la Bertone Leopard BMW 2.8 dont les amortisseurs ont été révisés au fréon. Il parait que ça chauffe moins... Les Patrol boys sont prêts sur leurs F16 Fighting Falcon: la turbo Dash 14 advanced d'Yseboot et la téléphonique Dash 09 de Cagnetti espèrent jouer les troubles-fête. Les frères Watuwila ont ressortis une Land 90 Harrier à décollage vertical du raid Primus de la guerre des Malouines. Beaucoup de boulot sur la voiture pour la remettre en condition après la guerre contre les Argentins, et c'est quelques amis du plateau qui font fonctionner l'entraide. La voiture est préparée chez Jacques et Assad Fhegali qui mettent généreusement toute leur infrastructure à disposition. Gillet prête du personnel et Edos du matériel. La voiture est prête 15 minutes avant le départ. Enfin, Karatanataratanatasis (appelé le Théo du petit pont, c'est plus facile) et Fréderick Van Cruz ont dépoussiéré le Sherman Ford Bronco ex-Lashet dont la dernière apparition publique remonte au raid Okapi de 1989. La bête est saignante et puissante mais souffre d'un gros problème de direction et les freins n'ont plus été révisés depuis le débarquement de Normandie. On l'a équipée de pneus agricoles qui forcent l'admiration, bien que paradoxalement, vu son age, d'aucuns craignent des problèmes de jeunesse.....

Samedi 15 H.

Ouverture des hostilités et départ du Grand Hotel Kinshasa vers le champ de bataille. Tous les protagonistes constatent directement les efforts de l'organisation en terme de sécurité sur le parcours et les esprits s'apaisent. Plus d'une centaine de policiers de roulage crient, sifflent, vocifèrent et s'agitent contre les taximen et autres usagers afin de fournir une route sure, dégagée et sans embûches. Chapeaux Messieurs pour votre travail, car il en sera ainsi pendant toute la course.La course va se dérouler sur 12 heures, en 2 fois 6 Heures sur 2 jours. Sur chaque période de 6 heures, les équipages doivent réaliser 3 boucles identiques de 2 spéciales chacune, ponctuées chaque fois d'un temps d'assistance au Grand Hotel Kinshasa. Tout le monde craint la mise hors temps, car les délais sont très serrés, et on pourrait avoir des surprises. Il y en aura.

1° boucle : Argazzi sort le grand jeu et rappelle à VDK qu'il entend bien rester le patron en lui collant plus d'une minutes dans la vue sur les 40 kms. Derrière, c'est déjà le trou. Rousset/Gilson 3°, prennent leur nouveau jouet en main et s'accrochent comme ils peuvent ,talonnés par la bataille chez les Diesel qui fait déjà rage. Huyghe pointe 4°, avec déjà 6 minutes sur la tête de la course, suivi par ZAF qui est en grande forme. Devos est en bagarre avec Yseboot, mais ce dernier va rapidement jeter le gant pour d'insolubles problèmes de boite de vitesse. Gillet n'a toujours pas résolus son Kharma avec ses pneus, et en déchire encore un dans le pierrier avant le passage à niveau de la 2° spéciale. Un excès d'optimisme du pilote apparemment et 9 minutes de perdue quant même, avec en prime la voiture qui tombe du cric...... Simon rencontrent quelques problèmes techniques, ce qui l' empêche de bien figurer. Watuwila étrenne son nouveau jouet et s'assure de sa solidité en effectuant un demi-tonneau avec.L'engin résiste, Watu est rassuré et repart donc le couteau entre les dents. Théo et Van Cruz rencontrent déjà d'insolubles problèmes de chauffe, ils ne feront qu'un tour d'autant plus qu'un excès d'optimisme a failli les faire passer deux fois sur le toit Quant à Cagnetti, Rosenberg et George, ils font leur petit bonhomme de chemin sans problème particulier connu. Beaucoup de concurrents ont été freinés par la Land Rover militaire responsable du tonneau de Watu et qui faisait des allers et retours incessant sur la fin de la 1° spéciale et cherchait à se mesurer en vitesse pure aux meilleurs.

2° boucle: Tout le monde a pris ses marques et les choses sérieuses commencent. Le tracé commence a rentrer dans les mémoires et les temps tombent. VDK aligne les performances avec une belle régularité et remporte le scratch. Derrière, Gillet rappelle que sans problèmes de pneus, il cause aussi et il aligne une belle 2° place, tandis que Tintin Rousset connaît de petits soucis techniques sans gravité. Coup de tonnerre pour les Argazzi Brothers: l'alternateur se fait la malle dans la 1° spéciale et ils sont obligés de s'arrêter à chaque village pour acheter des batteries, car l'injection de la Nissan demande des pompes a carburant et de gros ampérages pour les faire tourner. Ca bouffe un doberman! La mise hors temps se rapproche à grand pas, ils ne l'évite que d'une minute! Moralité: avant dernier temps de la spéciale, juste devant Cagnetti qui a eu le filtre à essence bouché et est sortis cahin-caha. 

3° boucle: Ca bouge devant! ZAF casse un amortisseur et perd toute chance de bien figurer. il terminera la course avec un élément d'origine, insuffisant pour suivre le rythme des meilleurs. Dommage, car la bête semble avoir un gros potentiel. Gillet se plante lamentablement dans le bourbier après la rivière de la 2° spéciale. Après quelques minutes d'essais infructueux avec les villageois, le bon samaritain arrive en la personne de Patrick Huyghe et Marco qui le sortent de ce mauvais pas. En remerciement, Gillet recule 2X violemment dans le pare-buffle de Huyghe pour en tester la solidité. Rassuré sur celle-ci, les 2 compères continuent leur chemin de croix qui est loin d'être fini. Quelques kilomètres avant la sortie, VDK/Lashet sont immobilisés dans un canyon, en panne de pompe à essence avec le Bowler. Impossible de passer, il faut donc remorquer en marche arrière le beau dinky-toy en plastique, en faisant bien attention de ne pas le griffer. Obscurité, sable mou et virage sont là pour faciliter l'opération. Bref, quelques dizaines de précieuse minutes encore perdues dans l'aventure.

Retour au Parc fermé et 2° coup de tonnerre avec la publication du classement général: Après toutes ces péripéties, Tintin est en tête, devant Devos, Huyghe et Rosenberg qui n'en espérait pas tant. Gillet est 5°, ZAF 6, Simon 7, VDK 8 , Watuwila 9 et sale temps pour les Argazzi :10°. Argazzi est reparti dans la 3° boucle avec seulement 1 minute avant la mise hors temps, alors que les meilleurs prendront 11 minutes le dimanche ; la boucle ne lui est donc pas comptée car il pointe hors délais. D'autres concurrents victimes de la même mesure, mais n'ayant pas pu repartir, il devient sur base d'un principe évident de justice impossible d'augmenter le délais de mise hors temps pour les récupérer . Dura lex sed lex. Boudin cubique et colère indescriptible de l'Italien qui en conçoit un complot de tout le plateau contre son auguste personne. Pourtant vraiment, on ne se permettrait pas !!! Il s'en prend tout d'abord violemment au représentant des pilotes (Gillet NDLR), le tenant pour personnellement responsable de ce qui lui arrive. Après une engueulade publique d'anthologie, celui-ci écœuré, démissionne dans la foulée. C'est ensuite au tour de Tintin, qui a le malheur d'être en tête, de recevoir les foudres méditerranéennes et d'être accusé de tous les maux. On a alors l'impression de revoir Phitidis et Manfredini aux 12 Heures de Mbanza.!!!!!! Cagnetti et Quetai termineront la liste des victimes de l'ire Eduardonienne qui se présentera boudeur le lendemain matin au départ en ignorant superbement tout le monde.

Dimanche matin - Parc fermé

Après une courte nuit de sommeil, tout le plateau est de nouveau au départ de la première boucle, à l'exception d'Yseboot qui a jeté l'éponge. Les esprits de beaucoup sont surchauffés suite aux événements sportifs ou para-sportifs du samedi, et les temps tombent. Gillet survolté par les événements de la veille parvient sur chacune de ses 3 boucles à rentrer dans le clan très fermé des moins de 20 minutes. Tintin y parvient 2 fois. VDK aligne des temps météoriques dans la première boucle en atomisant Edos de 2:50 sur un seul tour! Simon/Bergiers rencontrent des problèmes électriques insolubles qui leur coûtent beaucoup de temps. Et Théo nous refait une petite promenade sur le circuit avec son copain Van Cruz.

Edos réagit dans la 2°boucle en diminuant son propre temps de plus d'1 minute. VDK sent la pression monter , attaque et commet une faute lourde en temps: un virage un peu large à quelques kilomètres de la sortie, une souche dans les herbes, et 2 pneus + 2 jantes cash. Boum, servez chaud. Rosenberg, qui s'identifie maintenant aux meilleurs depuis sa perf de la veille, se rappelle au bon souvenir de tous en attaquant comme un sauvage et en percutant un malheureux arbre qui traversait la piste sans mettre son clignoteur (refrain connu). Quant il aura recu ses nouvelles suspensions, il va être saignant le gaillard. Préparez vos appareils photos!

3° et dernière boucle, les chevaux sentent l'écurie pour ceux qui sont encore dans les temps. La malchance s'acharne sur VDK qui chauffe dans la liaison et pointe en retard, et sur Argazzi dont une soupape de retour carburant bloque en spéciale. Le temps de trouver le problème et de le régler, c'est encore 50 minutes de perdu et la dégringolade des 2 protagonistes au classement; Georges et Mangamba crèvent un pneu, mais poursuivent sur la jante jusqu'au village suivant afin d'obtenir une aide des villageois en dégustant une bonne bière bien glacée. Huyghe n'est pas épargné non plus par les crevaisons. L'arrière droit crève, mais le Pick-up est tellement stable (dixit Marco Pantani qui n'est jamais avare de commentaires sur la qualité de ses produits) que le pilote ne s'en rend pas compte (ouah, quelle bonne pub, achetez une Isuzu pour votre femme, elle ne sortira jamais de la route!). Le pneu se barre et la bagnole continue sur la jante. Ils mettent 5 bornes à s'en rendre compte, le temps que la jante devienne triangle et finisse par refuser de tourner. Voila qui fera le bonheur d'un quado de brousse. Devos a de gros soucis de châssis qui l'obligent à lever le pied. C'est d'abord le capot moteur qui se décroche et il est obligé de l'abandonner en brousse, puis c'est un support moteur qui casse, et comme il n'y a plus de capot, le pilote constate qu'à chaque bosse, le moteur veut le rejoindre dans l'habitacle.

Et c'est l'arrivée.

Dimanche 16H00 - Parc fermé

Retour au parc fermé pour la remise des prix. Le classement est en annexe. Triomphe de l'armada Toyota avec les 2 voitures de l'affiche aux 2 premières place, bien aidée il est vrai par la déroute de la concurrence. Le général BLEVIN est extrêmement satisfait du comportement vaillant et courageux de ses troupes. Tout le Staff AFRIMA-CFAO qui sponsorisait l'épreuve est aux anges et on tire les enseignements. La première leçon de cette course, c'est que la régularité et la fiabilité paient et que les favoris peuvent aussi connaître des problèmes La 2° leçon, c'est que VDK a du souci à se faire avec la Patrol d'Argazzi qui est capable d'égaler, voire de dépasser ses temps, et ça c'est tout bon pour la course en général, comme le prouve les résultats de celle-ci.

Au classement des différents trophées, le prix de la meilleure organisation à CHD, le prix de la sportivité à Patrick Huyghe qui a encore dépanné tout le monde, le prix pas de bol à VDK, le prix citron a Edos Argazzi, sans oublier les petits nouveaux Théo/Van Cruz à qui on souhaite plus de kilomètres parcourus à la prochaine course.

Pas de bobo pour personne, et ça c'est très bien. Le préso Charles Henri a encore essayé de démolir sa bagnole sans y parvenir en faisant la voiture ouvreuse, il n'a fait qu'un choc frontal avec un Hilux d'une maman commerçante. Rien de grave, seulement le capot plié en 8, le radiateur troué à 17 endroits, l'ensemble moteur/boite qui a reculé de 3 cm, et tout l'équipement électrique avant détruit. Une broutille. Au rayon organisation, on signale juste quelques sifflets fondus et 2 cas de crises d'emphysème due a de l'hyper ventilation chez les roulages.

Une réussite totale à renouveler donc. Au boulot!

 

 


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