ENDURO DE NGANDA YALA 2003

Voici la course vue par Vincent Gillet, notre président des pilotes, reporter Pageweb et pilote Toyota. Les démentis, protestations, droits de réponse et compliments doivent être envoyés à l'adresse suivante : waltair.rdc@ic.cd 
15 avril 2003. Sur la petite route déserte qui mène de Rungis à Long-Jumeaux, Gérard Lambert rentre chez lui. Allongé au volant de sa Malaguti 49,9, même que c'est pas un volant, c'est un guidon, il fonce. Tremblez Bourgeois, car voici la triste et lamentable histoire de Gérard Lambert et de ses Hell's Angels maudits. (adapté de Renaud)

Flash-Back: J-4 / Mardi 11 février - 19H00 GMT- Maison de France
Une réunion houleuse des pilotes se tient sous la présidence de tout nouveau président autoproclamé Vincent Gillet. On y découvre tout et son contraire dans les demandes de modification du programme des différents concurrents. On veut tourner sur le circuit dans le sens normal, dans le sens contraire, avec plus de tours, avec moins de tours, de haut en bas, de bas en haut, à pieds, en vélo, en brouette, ou encore en tipoï. Ce qui inspirera la maxime suivante à un ex-futur copilote: " La vitesse de la lumière étant supérieure à celle du son, beaucoup d'imbéciles paraissent brillants jusqu'au moment ou ils s'expriment verbalement".

Jour J / Samedi 15/02 - 10H GMT- Marais de Nganda Yala.

Arrivée des différentes équipes sur le lieu du parc fermé. Chaque équipage s'installe suivant ses affinités, ses goûts et ses couleurs. Le team Bowler-Getragri aligne sa nouvelle acquisition pilotée par le fils de James Bond, alias Jean-Marc VDK. Auvent très sobre dans un style très british, le tout raccordé à un camion rase-moquette d'assistance qui a eu le plus grand mal à rejoindre les lieux. Les Argazzi-Brothers ont quant à eux récupéré le pick-up Toyota de Dark Vador dans la guerre des étoiles. Ne désirant pas être importunité par l'odeur de thé émanant de la nouvelle voiture Anglaise, ils se sont installés à l'autre bout du campement. Le team Arno , Sponsor officiel de l'épreuve, est là en force, dans une ambiance très Otour de France cycliste avec petits drapeaux, jus de fruits et zakouski. Patrick Huyghe est comme à l'accoutumée très sobre et organisé, tandis que son copi, Marco Pantani et sa charmante épouse font le public relation dans le parc presse. Le pick-up Isuzu est bichonné, arborant fièrement un tout nouveau pont avant, bien utile sur ce genre d'épreuve Pindulator de Gillet/Bernimolin est bien décidé à aveugler tout le monde. Pour ce faire, ils ont déployé un gigantesque spinaker orange récupéré sur un voilier de la route du rhum. La voile fait à la fois office de parasol, générateur d'électricité statique et climatisation. Le tout dans un joyeux claquement dû à la bonne brise soufflant de nord-est. Fermez les yeux, vous êtes à la mer du Nord! La Toyota FZJ 70 à moteur 6 cylindres 4500 CC soutenue par l'importateur Afrima n'a pas connu de grosse évolutions pendant l'intersaison, mais l'équipage mise avant tout sur la fiabilité légendaire de la voiture. A côté de lui, s'est installé Il Padrino, son altesse sérénissime Pierre Cagnetti et son grand chambellan Ludo Ketai, en tête au classement du nombre de sponsors affichés. Le principal est là, la voiture est complète et pour une fois prête à temps, le moteur imite le bruit d'un pousseur de l'Onatra , le pilote et son copi sont frais et dispos et tous les parasols ont été oubliés... Qu'à cela ne tienne, les dames sont ravies car le soleil est là et le bronzage s'affirme de minutes en minutes. Faites quelques mètres et bienvenue au royaume du diesel turbo. ZAF est là, mais avec son petit moteur, car le gros turbo s'est fait la malle pendant la semaine emportant avec lui une bonne partie des capacités de refroidissement du groupe propulseur. Qu'à cela tienne, l'essentiel est de participer et Zaf est là dans la bonne humeur pour nous le rappeler. A coté de lui, Rosenberg étrenne fièrement son HJ 61 fraîchement repeint et remotorisé. Le Ricky Carmicaël du plateau, fort de ses nouveaux chevaux de feu dopés à la caféine entend bien marquer cette course de son empreinte. Nous verrons plus loin qu'il sera effectivement question d'empreinte, mais pas nécessairement de celle voulue... Quelques mètres encore, et voici le team Safricas, qui n'a rien à envier au team Mitsubishi du Dakar quant il s'agit d'organisation. 2 voitures superbement préparées, groupe électro qui distille une douce mélodie, container de survie, douche généreusement offerte à d'autres concurrents, la logistique et la sportivité sont au rendez-vous. Yseboot-Letertre alignent le Patrol turbo essence qui avait défrayé la chronique aux boucles de Kin 2002 et dont tout le monde espère qu'elle a réglé ses problèmes de jeunesse pour enfin montrer ce qu'elle a réellement dans le ventre. A coté d'eux, Simon-Bergiers dont c'est la première course, sont chauds comme des baraques à frites et veulent en découdre avec la terre entière. Ils alignent un Toyota LJ 70 dans lequel a été greffé un V6 3.0L de Mitsubishi Pajero. Les Cow-boys de Western Union sont bien la eux aussi, décidés à terminer leur première course. DeKijver-George peaufinent donc leur LJ70 à moteur Celica sous l'oeil vif et clairvoyant du préparateur/team manager Christian Broze; Watouwila /Nsimba, le sympathique équipage congolais sur Range Rover, réalise déjà un exploit en ralliant sans encombre le parc fermé. Engagé de dernière minute, Pierrot Lejeune cherche désespérément une copilote pour l'accompagner dans l'aventure sur les pistes techniques du circuit. L'Isuzu V6 a reçu pour l'occasion une nouvelle suspension renforcée, dérivée de celle montée sur le véhicule pour tracter les caravanes. C'est d'ailleurs probablement ce qui effraie la majorité des dames contactées pour le naviguer, car personne ne trouve de trace de la dite caravane, et on craint qu'il ne l'ait dissimulée et camouflée sur le circuit la nuit précédente pour pouvoir à loisir simuler une panne pendant la course. Beaucoup de beau monde donc, et un absent de taille, Marco Deletaille, qui a préféré réaliser un tonneau avec sa Range à l'entraînement quelques jours avant la course. Plus de peur que de mal, mais il suivra la course depuis son lit.....

Jour J - 14H00 - Marais de nganda Yala

La caravane des concurrents s'élance pour un tour de reconnaissance sous la conduite avisée du président Charles-Henri Drèze, lui-même au volant. Le principe est de montrer à chacun le tracé exact du parcours pour éviter les coupes du circuit. Mais le vrai but est en fait de montrer à toute la caravane qui est le vrai patron. Pour ce faire, le président va d'abord abandonner l'ensemble des concurrents dans un canyon surchauffé pendant plus de 30 minutes. C'est ce qu'on fait avec les chevaux sauvage aux USA pour les mater et les débourrer. Ensuite, à son retour, et pour couper court directement à toute éventuelle contestation, il va, dans un état d'énervement indescriptible, défier sa voiture en combat singulier. Sous les yeux ébahis des 12 concurrents, c'est d'abord l'antenne de la radio qui va morfler. En effet, celle-ci a l'audace de se détacher dans un sous bois. CH arrête la caravane, la ramasse et commence à fouetter de rage son véhicule avec la dite antenne. La Toyota se défend lors du CP suivant en mettant un vieux coup de portière des familles dans le menton de notre bien aimé président. Celui-ci, ivre de colère, adresse un rappel à l'ordre immédiat à cette même portière sous la forme d'une fermeture brutale et violente exécutée sous un couple de 65 mètres/kilos. C'en est trop pour la vitre conducteur qui décide qu'elle en a marre des exactions et des actes de cannibalisme de son rebelle de chauffeur. Elle éclate donc en sanglots et en mille morceaux par la même occasion. Het Convooi finit tout de même par arriver à bon port. 

Jour J - 15H - Marais
Départ du prologue chronométré. La hiérarchie du matériel semble se confirmer. Jean-marc Bond/Lashet et leur Bowler sont en tête sur une autre planète avec déjà plus d'1 minute d'avance en 18 kms sur Argazzi qui arrache tout ce qu'il peut à son Pick-up Toyota pour rester au contact. Derrière, c'est déjà le trou. Gillet/Bernimolin sur le Toy 4,5 L sont 3èmes à 1:26 d'Argazzi et sont talonnés par un Yannick Simon survolté sur son Mitsuyota qui ne lui rend qu'une poignée de seconde. Hughe/Pantani sur Isuzu et un étonnant Rosenberg/Carmichael sur HJ 61, ex-aequo suivent à une encablure, talonnés par la Patrol de Cagnetti qui se révèle enfin. La Patrol turbo d'Yseboot connaît toujours des problèmes d'embrayage et Zaf, en proie à d'insolubles problèmes de chauffe, préfère ne pas forcer pour pouvoir atteindre l'arrivée. Enfin, les Dalton de Western union, Dekijver/Georges, rencontrent déjà des problèmes d'amortissements qui les empêchent de bien se placer. Tout le monde est d'accord pour admettre que, sauf fait de course, les 2 premières places se joueront entre VDK et Argazzi et que la vraie bagarre aura lieu pour la 3° place car plusieurs voitures sont dans la même minute. 

Jour J - 19H - Marais
Départ de la manche de nuit, tout le monde l'appelle le juge de paix. 5 tours à couvrir d'affilée sur une piste qui va se creuser au fil des passages et qui de cassante va devenir fracassante pour beaucoup. VDK atomise tout le monde et colle 30 minutes à Argazzi sur 5 tours! Celui-ci a une solide excuse: bris du pont avant et du levier de vitesse. Ca fait quant même beaucoup en une fois. Ils seront les seuls à faire les 5 tours. Gillet/ Bernimolin, 3°, ont renouvelé leur abonnement de l'année passée chez Quado service et ont encore crevé un pneu! Dommage, ils auraient pu sur cette boucle contester la 2° place à Argazzi! 4°, un étonnant Pierrot Lejeune sur l'Isuzu V6, mais à quel prix! Suspension avant droite détruite et embrayage fondu!. 5° et excellente surprise Cagnetti qui prouve enfin que sans pépins mécaniques il peut faire quelque chose avec la Patrol ATC. Derrière, c'est le déluge: Huyghe a explosé ses amortisseurs avants et se retrouve avec son carter en train de niveler les bosses. ZAF a roulé à sa main pour ne pas faire exploser la bouilloire de son moteur. Simon/Bergiers dans un excès d'optimisme ont effectué un tonneau qui ne les a pas empêchés de repartir et de terminer la manche. Yseboot n'est pas parvenu a résoudre ses problèmes d'embrayage et a de plus démonté aussi son levier de vitesse pour le comparer en longueur et en dimension a celui des Argazzi. Dekijvere a connu d'insolubles problèmes d'amortisseurs qui l'ont obligé à rouler pépère.Et notre Rosenberg national qui voulait absolument laisser son empreinte sur cette épreuve l'a fait de manière tout à fait inattendue: Une termitière a osé traverser la piste devant sa majesté Nicolas 1er sans mettre son clignoteur. Il l'a donc réduite en poussière, en même temps que plein de trucs fort utile à la bonne marche du véhicule qui finira donc la manche en bord de piste. Quant aux Watuwila Brothers, le moteur a bloqué, les empêchant de terminer le premier tour. 

J+1- 9H00 GMT - Marais
Après une courte nuit de sommeil pour certains, tous les protagonistes se retrouvent sur la piste pour ne découdre dans les 2 dernières manches de 3 tours chacune. Ceux chez qui ça s'est bien passé la veille ont vécu le doux farniente du bivouac de nuit à Nganda Yala. Méchoui, massage par d'aguichantes geisha (prononcez le vite à voix haute 10 fois), vodka, autres boissons frelatées et narguilé à l'aspirine calment les esprits et réchauffent les cœurs jusqu'aux petites heures de la nuit. Même horaire mais programme différents pour les autres: changement du pont avant chez Argazzi, carrosserie chez Simon, tuyauterie et électronique chez Yseboot, révision moteur chez Watuwila, recherche et changement d'amortisseurs chez Dekijver, D-check par Hewa Bora engineering chez Rosenberg. Les pilotes sont finalement prêts à partir et manifestent d'ailleurs bruyamment leur impatiente en assourdissant le campement avec les rugissements de leurs moteurs. La manche est lancée dans l'ordre du classement général. Ca artille sérieusement à l'avant. Argazzi fait tout ce qu'il peut pour aller chercher son seigneur et maître du jour VDK, mais " moyen té ". Celui-ci lui colle encore 1:30 sur 3 tours. Le désespoir se lit sur le visage d'Edos. Et POPS, fidèle compagnon de toutes les galères ne peut rien y faire. Derrière, Gillet et Bernimolin ne cherchent même pas a essayer de les égaler, au risque de fracasser la mécanique. Ils se contentent de gérer leur avance confortable au général et s'endorment même à un moment, ce qui permet à Simon de faire un petit baroud d'honneur et de leur chiper la 3° place de la manche dans le dernier tour. Les 2 copains se tirent d'ailleurs une bourre mémorable dans les 36 virages et ce jusqu'à l'arrivée. ZAF roule à l'économie et en souplesse et parvient ainsi à tirer son épingle du jeu. Patrick Huyghe fait ce qu'il peut avec une suspension récalcitrante et vidée de toute son énergie. Il en profite ainsi pour aplatir de son carter toute une série de bosse sur la piste. Yvanhoé ne parvient pas à se dépêtrer de ses multiples pépins et jette finalement l'éponge malgré des temps au tour plus qu'honorables. Rosenberg avance cahin cahan, Dekijver est toujours en guerre avec sa suspension et Cagnetti se rend compte qu'il a un central téléphonique complet dans sa voiture: ses mécaniciens ont utilisé du fil téléphonique pour son circuit électrique, qui bien sur a fini par fondre lamentablement. Il regagnera le parc fermé par miracle. 

J+1 - 15H00 GMT - Marais
Lancement de la dernière manche après qu'un orage bref mais violent ait dévasté le parc fermé. Tout le monde a un peu l'impression que les dés sont jetés et on n'a plus qu'une seule envie: arriver sans casser. La piste est devenue infernale, ravinée, creusée et sans grand intérêt pour le pilotage dans beaucoup d'endroits. Sûr que les pilotes vont se cotiser pour louer une niveleuse avec longues portées pour l'année prochaine et arranger la piste pendant la nuit! VDK remet encore 2:35 dans la vue a Edos qui repart écoeuré. Gillet assure la 3° place surtout que Simon a du abandonner sur bris de pleins de trucs fort utiles comme le filtre à huile par exemple. Sale temps pour les SAFRICAS boys!! ZAF vient aussi chatouiller GILLET en lui rappelant que dès que son bouilleur sera au point, il faudra sérieusement compter sur lui. Patrick et Marco Pantani terminent tant bien que mal avec une voiture qui n'a plus que des pompes à vélo comme amortisseurs. Même cause, même conséquence pour Dekijver. Rosenberg de course nous fera encore une petite phase et mettra sa voiture sur les portières, juste pour dire qu'il veut aussi concourir pour le prix du meilleur tonneau de la saison. Et Cagnetti, après avoir semé la panique et la désolation dans le parc ferme pour raison d'odeur de brûlé suspecte dans son central téléphonique, reprendra la piste pour s'arrêter quelques kilomètres plus loin, moteur out, joint de culasse brûlé. Dur dur d'être un Bébé...


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